FELIX HOUPHOUËT-BOIGNY
Avril 1946 - Décembre 1993
Félix Houphouët-Boigny est né le 18 octobre 1905 à N'Gokro actuel Yamoussoukro
Chef traditionnel, médecin, planteur et dirigeant syndical, il est notamment député français (1945-1959), membre de gouvernements français (1956-1961), président de l'Assemblée nationale ivoirienne (1953-1959), maire d'Abidjan (1956-1960), Premier ministre ivoirien (1959-1960) et premier président de la République de Côte d'Ivoire (1960-1993). « Père » de l’indépendance de son pays, fréquemment surnommé « Le Sage » ou « Le Vieux » (au sens africain du terme), il domine jusqu’à la fin de sa vie, la politique de la Côte d'Ivoire et tient un rôle de premier ordre dans le processus de décolonisation de l'Afrique.
Le 9 avril 1946, Houphouët-Boigny transforme, avec l’aide des Groupes d’études communistes d’Abidjan, le SAA (syndicat Agricole Africain) en Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI). Ce dernier devient lui-même, après le Congrès de Bamako du 18 octobre 1946, une section territoriale du tout nouveau parti inter-africain : le Rassemblement Démocratique Africain (RDA) dont il est le président.
Du 6 novembre 1957 au 14 mai 1958, Houphouët-Boigny devient ministre de la Santé publique et de la Population dans le gouvernement français de Félix Gaillard . Il essaie de réformer le code de la santé publique.
Il est à de nombreuses reprises, ministre d'État sous :
- ● le gouvernement Maurice Bourgès-Maunoury du 13 juin au 6 novembre 1957
- ● le gouvernement Pierre Pflimlin du 14 au 17 mai 1958
- ● le gouvernement Charles de Gaulle (3) du 1er juin 1958 au 8 janvier 1959
- ● le gouvernement Michel Debré du 8 janvier au 20 mai 1959
En cette qualité, il participe à l’élaboration de la politique africaine de la France, notamment dans le domaine culturel. Sous son impulsion seront créés le Bureau des étudiants de la France d’outre-mer, et l’Université de Dakar.
Le 4 octobre 1958, Houphouët-Boigny est un des signataires, aux côtés de De Gaulle, de la constitution de la Ve République. Il connaît personnellement le Général, qui le tient en haute estime.
Le dernier poste qu’il occupe est celui de ministre conseiller du gouvernement Michel Debré du 23 juillet 1959 au 19 mai 1961.
Le 3 mars 1957, à la suite de l’adoption de la loi-cadre Defferre du 23 juin 1956 donnant l'autonomie aux colonies africaines, une élection territoriale est organisée en Côte d’Ivoire, au cours de laquelle le PDCI remporte une victoire écrasante. Houphouët-Boigny, qui occupait déjà les fonctions de ministre en France, de président de l'Assemblée territoriale depuis 1953 (ayant succédé à Victor Capri Djédjé) et de maire d’Abidjan depuis novembre 1956, décide de placer à la vice-présidence de la Côte d’Ivoire Auguste Denise.
Contrairement à de nombreux dirigeants africains qui réclament une indépendance immédiate, Houphouët-Boigny souhaite une transition en douceur au sein de l’« ensemble français » car, selon lui, l'indépendance politique sans l'indépendance économique ne vaut rien.
En 1960, Houphouët-Boigny se lance dans la rédaction d'une nouvelle constitution et proclame le 7 août 1960, l’indépendance de la Côte d’Ivoire.
Il parvient à développer l’économie de la Côte d'Ivoire, notamment dans le secteur agricole, faisant de celle-ci un îlot de prospérité dans un continent miné par la pauvreté. Ce qui donne lieu à l’expression de « miracle ivoirien ».
Il décède le 7 décembre 1993 à Yamoussoukro son village natal.
HENRI KONAN BEDIE
Avril 1994 - Août 2023
Né à Daoukro en 1939, Aimé Henri Konan Bédié fait ses études à l'École normale de Dabou en Côte d’Ivoire, puis à l'université de Poitiers en France. Il est issu d'une famille de planteurs de cacao
Après avoir été ambassadeur de la Côte d'Ivoire aux États-Unis (1961-1966), Henri Konan Bédié revient au pays où il devient délégué aux Affaires économiques et financières (1966-1968), puis ministre de l’Économie et des Finances (1968-1977) et enfin président de l'Assemblée nationale (1980-1993) sous la présidence de Félix Houphouët-Boigny.
Au décès de Félix Houphouët-Boigny, il assure l’intérim de la présidence de la République conformément à la constitution, en tant que président de l’Assemblée nationale.
Le 30 avril 1994, il devient président du PDCI-RDA et une année plus tard en 1995, il est élu président de la République de Côte d’Ivoire.
Le 24 décembre 1999, son mandat est interrompu par un coup d’État militaire dont il est victime.
Après deux ans d'exil à Paris, et fidèle aux idéologies de paix du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié rentre en Côte d'Ivoire en 2001 pour participer au Forum de réconciliation nationale.
En 2006 il est investi par le PDCI-RDA pour être candidat à l'élection présidentielle qui fut reportée à plusieurs reprises.
Finalement, le 31 octobre 2010, il représente son parti à l'élection présidentielle ivoirienne et obtient 25,2 % des voix au premier tour. Après avoir exigé un recomptage des votes, il appelle finalement à voter Alassane Ouattara contre Laurent Gbagbo, ce qui s’avérera déterminant pour la victoire du premier. Désormais il se positionne comme un « faiseur de rois ».
En septembre 2014, il prononce un discours affirmant sa volonté de ne pas présenter de candidat à l'élection présidentielle de 2015 et de soutenir Alassane Ouattara dès le premier tour, un engagement rentré dans l'histoire sous le nom d'« appel de Daoukro ». Le soutien à Ouattara est approuvé par 98,84 % des militants du parti.
En 2018, Henri Konan Bédié rompt avec Alassane Ouattara à la suite de plusieurs divergences, dont la principale serait le refus de ce dernier de céder à la revendication de soutenir à son tour un candidat commun cette fois issu du PDCI.
Désormais Henri Konan Bédié est présenté comme le principal candidat de l’opposition. Conscient et inquiet des troubles qui menaceraient l'élection, il affirme que « Alassane Ouattara viole la Constitution en se présentant pour un troisième mandat ».
À la fin septembre 2020, il appelle à la « désobéissance civile » et fait plusieurs revendications que sont le retrait de la candidature du président Alassane Ouattara, jugée « illégale » ; la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) et du Conseil constitutionnel ; l’audit des listes électorales ; le retour au pays et la libération des « prisonniers politiques », dont Laurent Gbagbo et Guillaume Soro.
Sous sa conduite, un appel au « boycott actif » de l'élection présidentielle est lancé. Il forme avec le reste de l’opposition, le Conseil National de Transition, dont le l’objectif principal est un retour à la « légalité constitutionnelle » et l'« organisation d'élections justes, transparentes et inclusives ».
Henri Konan Bédié décède le 1er août 2023 à 89 ans
TIDJANE THIAM
Décembre 2023 à ce jour
Tidjane Thiam est né le 29 juillet 1962 à Abidjan, en Côte d'Ivoire. Brillant élève, il obtient son baccalauréat scientifique au lycée classique d’Abidjan en juillet 1980, avant de poursuivre ses études en France où il intègre l'École Polytechnique puis l'École Nationale Supérieure des Mines de Paris. Diplômé ingénieur et économiste, Thiam débute sa carrière en tant que consultant chez ‘McKinsey & Company’ à Paris, avant d’être appelé en 1994 pour servir son pays sous la présidence de Henri Konan Bédié.
En sa qualité de Directeur Général du prestigieux Bureau National d'Études Techniques et de Développement (BNETD), il se charge de piloter les grands chantiers nationaux, notamment en élaborant le programme « les 12 Travaux de l’Éléphant d’Afrique », destiné à poursuivre et amplifier le développement initié par le président Félix Houphouët Boigny. Ce programme influencera durablement les politiques de développement de la Côte d'Ivoire.
Membre actif du PDCI RDA, Tidjane Thiam se distinguera en politique nationale en tant que Représentant du candidat Henri Konan Bédié lors du débat présidentiel de 1995. Il entre au Bureau politique du parti en 1996, où il joue divers rôles stratégiques, y compris celui de Conseiller Spécial du Président de la République, chargé de la stratégie et de la prospective. Il se rend notamment dans les pays du golfe persique pour la mobilisation de fonds destinés à des projets d’infrastructure majeurs, notamment celui de la construction de la Mosquée Salam du Plateau.
La carrière politique de Tidjane Thiam prend un nouveau tournant lorsqu'il critique ouvertement le troisième mandat du Président Alassane Ouattara en 2020, soutenant fermement l'opposition ivoirienne et Henri Konan Bédié. Son engagement se confirme lorsqu'il participe à la réunion du Bureau politique du PDCI RDA le 14 octobre 2023.
Il est élu Président du PDCI RDA le 23 décembre 2023.
Sur le plan international, Thiam acquiert une stature notable en co-présidant avec l’ancien Président mexicain Ernesto Zedillo la task-force sur les biens publics mondiaux en 2003, et en participant à la Commission Tony Blair sur l'Afrique en 2004, qui contribue à des annulations de dettes significatives pour les pays africains. Ses efforts sont reconnus lorsqu'il préside le panel de haut niveau sur les infrastructures du G20 en 2011, et lorsqu’il est invité par le Président américain Barack Obama pour présenter au sommet du G8 de Camp David en 2014.
En 2020, en pleine pandémie de Covid-19, il est nommé Envoyé spécial de l’Union Africaine pour la mobilisation de financements, témoignant de son engagement continu en faveur du développement africain. L'année suivante, il coorganise le Sommet de Paris, renforçant le dialogue entre la France et les nations africaines.
Tidjane Thiam demeure une figure centrale de l’économie et de la politique ivoirienne, illustrant par son parcours l'importance de la compétence et de l'intégrité dans la conduite des affaires publiques.