Histoire du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire

Président Tidjane Thiam

LE PDCI-RDA
depuis avril 1946

Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) est un parti politique ivoirien fondé en 1946, succédant au Syndicat agricole africain par Félix Houphouët-Boigny, avec pour objectif affiché « l’émancipation du peuple noir » et membre du Rassemblement démocratique africain dès sa création. De centre droit d’inspiration libérale, il est le parti unique depuis l’indépendance en 1960 jusqu’en 1990, sous la direction du président Houphouët-Boigny. Il est le plus ancien parti politique d’Afrique subsaharienne après l’African National Congress (ANC) en Afrique du Sud.

La naissance du syndicat agricole africain (1944–1946)

Le médecin-planteur Félix Houphouët-Boigny fonde le 3 septembre 1944, avec huit autres planteurs, Joseph Anoma, Marcel Laubhouet, Fulgence Brou, Gabriel Dadié, Djibril Diaby, Georges Kassi, Kouamé N’Guessan et Amadou Lamine Touré, le Syndicat agricole africain (SAA) dont il devient le président. Regroupant les planteurs africains mécontents de leur sort, le SAA a pour objectif de défendre les intérêts des planteurs autochtones lésés par l’administration coloniale qui sous-paye leur cacao.

Le combat prend toutefois rapidement une tournure politique, avec des revendications anticolonialistes et antiracistes. Houphouët implante le SAA dans tout le pays et en fait l’instrument de lutte du peuple ivoirien contre le régime colonial. Il revendique de meilleures conditions de travail, une hausse des salaires et l’abolition du travail forcé.

Ce syndicat rencontre rapidement le succès et reçoit l’appui de près de 20 000 planteurs, ce qui inquiète les colons qui portent plainte contre Houphouët. Le retentissement est tel qu’il se rend, début 1945, à Dakar pour expliquer la démarche du SAA au gouverneur général de l’AOF, Pierre Cournarie.

Après des mois de luttes pour la cause des planteurs, Houphouët est élu comme premier député des autochtones en octobre 1945.

La fondation du PDCI et la marche vers l'indépendance (1946–1960)

Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, le 8 mai 1945, l’idée de la reconnaissance du peuple africain au même titre que les citoyens de la métropole, émerge dans l’élite africaine constituée entre autres de Félix Houphouët-Boigny, Modibo Keïta ou encore Léopold Sédar Senghor.

Houphouët-Boigny transforme, avec l’aide des Groupes d’études communistes d’Abidjan, le SAA en Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). L’assemblée constitutive du parti a lieu le 9 avril 1946 à Treichville, au piano-bar l’Étoile du Sud, salle de réunion et de loisirs de l’élite abidjanaise, construite par le planteur Georges Kassi.

Le PDCI est ensuite la cheville ouvrière de la création, avec les autres forces politiques africaines, du Rassemblement démocratique africain (RDA) dont le congrès constitutif a lieu du 18 au 21 octobre 1946 à Bamako. Réunissant près de 800 délégués venus d’Afrique Occidentale Française (AOF) et d’Afrique Equatoriale Française AEF), le RDA se donne pour objectif la libération de l’Afrique du colonialisme et de l’impérialisme.

Désormais, le PDCI et le RDA deviennent indissociables, et le parti sera toujours appelé PDCI-RDA. Félix Houphouët-Boigny en sera d'ailleurs le seul président de 1946 à sa mort en 1993. Le secrétariat général est également confié à un Ivoirien, Fily Sissoko, à qui succédera Gabriel d’Arboussier.

Le PDCI-RDA tient son premier congrès du 27 au 31 octobre 1947. Félix Houphouët-Boigny est nommé président d'honneur du bureau du comité directeur et Auguste Denise, secrétaire général (poste qu'il occupera jusqu'en 1959). Germain Coffi Gadeau est nommé secrétaire à l’organisation, et Mathieu Ekra est nommé secrétaire à l’éducation des masses. Le comité directeur compte alors 21 membres dont deux femmes, Mme Ouezzin Coulibaly née Macoucou Traoré et Mme Mockey, née Georgette Yacé).

Il connait un succès immédiat. Avec 271 000 adhérents dès 1947, 350 000 en 1948 et plus d’un million après 1950, il devient un parti de masse.

La répression contre le PDCI s'accentue à la fin des années 1940. Des militants sont régulièrement arrêtés et battus par des policiers, avec parfois des actes de tortures ; d'autres sont renvoyés de leurs emplois. L'un des principaux dirigeants du parti, le sénateur Biaka Boda, est retrouvé pendu et déchiqueté dans la forêt, alors qu'il était recherché par la police.

L'arrestation et l'emprisonnement sans jugement de plusieurs de ses leaders provoquent en 1949 la marche des femmes sur Grand-Bassam en vue d'obtenir leur libération.

Les tensions culminent au début de l'année 1950, quant à la suite d’un incident, la quasi-totalité de la direction du PDCI est arrêtée. Des rassemblements de protestation sont organisés ; alors que la police tire à blanc pour disperser la foule, des colons tirent à balles réelles, tuant treize manifestants. Au lieu de rechercher les auteurs du massacre, les autorités, craignant des émeutes, font arrêter des milliers de militants indépendantistes.

Malgré toutes ses intimidations, le PDCI finit par obtenir l’indépendance pour le peuple ivoirien en 1960.

Tidjane Thiam

Président du PDCI-RDA

"Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir !"

"Comme vous le savez, l’histoire de notre Parti, le PDCI-RDA, est indissociable de l'histoire de notre Nation tout entière. Le PDCI n’est pas un parti ordinaire. Combien de partis ont eu le privilège de faire naitre une nation ? Comme me le disait récemment un leader religieux, chaque ivoirien se sent concerné par ce qui se passe au PDCI car chaque ivoirien a un bout de PDCI en lui.

C’est cela notre véritable héritage, ce lien presque mystique entre notre parti et la nation ivoirienne et comme tous bons héritiers, c’est ce bien que nous devons faire fructifier, amplifier, développer. Nos racines, depuis plus de 77 ans, plongent profondément dans la lutte pour l'indépendance et dans les efforts déployés par toutes les générations qui ont précédé la nôtre, pour construire la Côte d'Ivoire moderne".